Un mois de plus, et Aout débute.

Publié le par Delphine

Le temps s'écoule vite, juillet est derrière nous, et, surprise?, le monde tourne toujours.

Je n'ai pas vu passer ce mois. Qu'ai-je fait? beaucoup de choses assurément pour ne pas voir les jours aller et venir.

Pour ma transition, oh rien de grandiose, l'épilation de la barbe continu, il s'agit d'avoir de la patience avec ces poils.
Si, j'ai effectué un bilan phoniatrique et orthophonique: il s'avère que j'ai des capacités à faire passer ma voix en "voix de tête" (les musiciens comprendront, pour moi cela ressemble à une langue étrangère). Selon l'orthophoniste vue à l'hôpital, un des enregistrements réalisés lors de ces 2 heures de bilan, est un enregistrement de voix de femme. Je ne peux que la croire, vivement le travail avec mon orthophoniste ce mois d'août.
L'aspect physique change peu, du moins selon ma propre perception, je vois toujours les mêmes défauts. Bien évidemment ce n'est pas l'avis d'amies qui me soutiennent le contraire.

Cela fait 2 semaines que j'ai repris le travail. Mon employeuse n'a pas accepté de voir Delphine au travail, alors c'est sous mon aspect mec que je reçois les clients. Qu'en sera-t-il dans 3 mois fin de mon contrat? nous ferons un nouveau point alors.

Le plus difficile dans une transition, ou plutôt dans MA transition, est le rejet que je perçois dans le comportement de mes enfants et de ma femme.

J'ai reçu en particulier le texto suivant de ma fille: " Gardes tes bises pour toi. Qu'est-ce qui te fait dire que l'on se reverra?"
Voilà ce que je lui ai répondu ce jour:

" Le 03/08/2009

 

Chère fille, (et cher fils),

 

Pour répondre à ton texto et à ta question «  qu’est-ce qui te fait dire que l’on se reverra ? », je vais répondre par un mot tout simple : Rien.

 

Je ne suis pas maître, et heureusement, de ce que vous pensez toi et ton frère. Je sais que vous avez passé et passez des moments difficiles, que la voie que j’ai prise vous semble irréaliste, égoïste, voire un chemin de folie.

 

Je vous l’ai déjà écrit : ce n’est pas de la folie, ni un rejet de vous trois, ni je ne sais. Il s’agit uniquement de vivre. Je vais être direct et dur dans ma question :

Préférerais-tu, préféreriez-vous, ton frère et toi, me savoir dans une boite au cimetière ?

 

C’est la question que j’ai, moi-même, été obligé d’affronter l’année dernière. Je voulais vivre, vivre pour moi et pour vous.

 

J’ai su dès fin septembre 2008 que j’allais être confronté au risque de vivre et vous faire vivre un divorce, mon déménagement et transformer une vie familiale qui semblait toute tracée en une vie sinueuse. Votre mère a choisi cette voie, je ne la blâme absolument pas, je respecte sa volonté, je comprends sa souffrance et j’accepte le rejet qu’elle éprouve à mon sujet.

 

Vous aussi, avez souffert, vous souffrez. Vous avez subi tous ces évènements, tous ces bouleversements contre votre gré. Je comprends votre souffrance, je respecte aussi votre volonté de ne pas me voir, j’accepte avec douleur le rejet que vous ressentez.

 

Mais je crois en l’action du temps qui passe. Je me raccroche à l’idée que, en grandissant, vous rencontriez des amies ou des amis qui vivent des expériences difficiles, expériences qui amènent à se poser des questions de survie. Pas forcément sur la transsexualité, mais éventuellement sur l’homosexualité ou même un autre sujet qui peut entraîner un phénomène de rejet par leur famille et leurs proches. Comment réagirez-vous ce jour là ? Rejetterez-vous cet(te) amie, peut-être votre meilleur(e) ami(e), qui n’aura pas la chance d’entrer dans la « case » de la « normalité », au risque de le (la) voir plonger plus bas ?

Et puis, même sans voir un(e) ami(e) dans une situation critique, vous êtes capables de réfléchir par vous-même.

 

La vie n’est pas uniquement un long fleuve tranquille, vous avez vécu et vous vivez une  période de turbulences importantes, mais la vie et le temps qui passent font leur travail. Après les périodes de cataclysmes, l’esprit se remet à travailler, fait le tri entre le vécu, les sentiments au moment de la tempête, et la réalité, les sentiments profonds, les expériences acquises.

 

Mais pour cela, je ne peux que vous montrer les portes, éventuellement vous tendre le trousseau de clés, mais le fait de les utiliser, de regarder de l’autre côté des portes, d’allumer les lumières et d’essayer de comprendre la réalité de ce que l’on voit, toutes ces actions ne peuvent être faites que par vous et vous seuls.

 

Je sais que vous êtes capables de faire ce travail. Parlez en tous les deux.

 

Et surtout rappelez-vous que je vous aime, que je peux vous aider si vous le désirez, que je peux répondre à vos questions et que je serai heureux de vous revoir.

 

Voilà pourquoi j’ai répondu « Rien » à ta question. Car, en effet, je ne peux savoir quand nous nous reverrons, vous êtes seuls capables de répondre à cette question, et la réponse donnée aujourd’hui peut changer demain ou après demain.

 

Une clé et une porte se trouvent dans la lecture du film du DVD joint à cet envoi (NDLR: une autre femme de Foulon). Regardez le, rangez le mais ne le jetez pas. Il ne faut jamais jeter une clé, même sous le coup du désespoir ou de la colère. Toutes les clés sont utiles.

 

Initialement je ne voulais t'écrire qu’un mot court, finalement ma lettre est bien plus longue et je vais l’imprimer en deux exemplaires : une pour chacun de vous afin que vous puissiez la garder si vous le désirez et trouver certaines clés et portes.

 

Je vous embrasse,"

 

Vous avez du remarquer que j'ai écrit cette lettre au masculin. Je l'ai fait de façon délibérée suite à un texto reçu de mon fils qui disait: "arrêtes de parler au féminin, respectes nous". J'ai accepté, le plus important à mes yeux est que le contact reste présent, même un contact fragile, mais ne pas le voir se rompre pour une simple question de sémantique.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Bonjour. il y a bien longtmeps que je ne suis pas venue mettre un commentaire, j'ai toujours peur que mes réponses ne conviennet pas...<br /> je comprdns la réaction de ta fille, elle est juste un peu plus grande que la mienne et la mienne, qui t''as connu en mec, r"fuse de te voir en Delf. ta fille à 'perdu' on pense avoir perdu son père. ton fils est plus grand et la relation d'un père avec sa fille est souvent plus proche. ma fille réagit comme la tienne. elle te connait depuis l'âge de 4 ans et elle en a 12 aujourd'hui. l'âge ou l'on découvre son corps, sa puberté, l'adolescence....très difficile à vivre. Pour ta femme aussi. spouvent je te dmeande comment tu aurais fait si c'est elle qui t'avait dit qu'elle était homme et voulit mettre son corps en conformité avec son esprit...<br /> On s'e-mail, on se tel souvent mais quand on se voit, ma fille refuse encore de voir Delf. ça n'est pas de l'intolérance et tu le sais Delf. elle se sent perdue, trompée et ça n'ese pas ta fille alors je comprend tout à fait ce que cette dernière doit ressentir.<br /> Par contre, une chose reste certaine, il faut toujours choisir la vie, même s'il faut faire des choix dans ses relations, surtout avec sa famille. la vie doit rester la plus forte, je sais de quoi je parle, mon mari a choisi la mort et notre vie à mes enfants et moi en souffrira toujours. Oui, tu dis que dans la lettre que tu écris à ta fille ou tu lui dis que 'RIEN' ne dit que tu ne les reverras, au moins vous avez l'espoir, la vie laisse un espoir de revoir, de comprendre,d 'apprendre, la mort ne laisse que du desespoir, du vide et de la peine et en plus, elle brise un lien, elle brise les coeurs...<br /> Voilà, ce que je pouvais dire sur la réaction de tes enfants, de ta fille qui est si belle, si :ignonne, si douce (c'est vrai, tes enfants sont très beaux) Il reste l'espoir et le temps, laisse le temps faire son travail.<br /> je t'embrasse. fab.
Répondre
L
Encore une fois tes paroles sont celles du coeur..<br /> Courage Delphine ! Le temps arrange toujours les choses... en apaisant les blessures...<br /> Bises<br /> Louise
Répondre
D
<br /> Merci Louise<br /> Bises<br /> <br /> <br />