du 5 au 16 janvier 2009
12 jours sans être passée sur mon blog, autant dire une éternité au vu des messages écrits presque quotidiennement depuis son ouverture. ce furent aussi les 12 premiers jours de solitude depuis 25 ans.
Beaucoup de choses à faire: réorganiser la maison, prendre mes marques et puis profiter de soirée seule pour me pomponner, faire des essais de maquillage pour féminiser un peu mon visage et cacher cette barbe, et en même temps ne pas ressembler à un pot de peinture, ...
La semaine dernière, j'ai pris le temps d'aller voir un ami médecin que j'avais laissé au bord de la route il y a presque 16 ans. Il était au courant de ma transsexualité par un mail que je lui avais envoyé il y a quelques semaines et j'avais prévu de le rencontrer après le départ de ma femme. Je me rappelais bien d'une personne sensible aux autres, d'un praticien compétent et très psychologue, et notre rencontre ne m'a pas déçue. Non seulement il m'a accueillie comme si je l'avais vu la veille, mais de plus il connaît très bien la transsexualité et les doutes, les difficultés que nous pouvons traverser pour accepter notre état, qui sont associés à cette transsexualité (selon son expression: "notre tête nous dit que nous sommes une fille, et notre corps que nous sommes un homme, et l'esprit fini toujours par gagner"). J'ai pu longuement et je le remercie à nouveau ici, exprimer mes sentiments, mes doutes et mes espoirs. Je suis sortie de son cabinet soulagée et heureuse, vidée et assommée. J'ai fait la forte face à lui ("Boy doesn't cry") mais j'ai craqué sur le trottoir et pleuré longuement dans ma voiture incapable de conduire.
Ca y est mes parents sont au courant pour notre séparation et notre divorce inéluctable, par contre je préfère différer l'annonce de ma transsexualité, chaque chose en son temps. Par expérience, suite au divorce de ma soeur, je sais qu'ils vont inévitablement dramatiser la situation, tenter de gérer nos vies et celles de nos enfants, de nous imposer leurs volontés, alors il n'est peut-être pas nécessaire que je me retrouve avec tous les problèmes ensembles. Si les années leur ont permis d'apprendre à se comporter différemment, je le saurais rapidement et je pourrai faire mon coming out plus rapidement.
Aujourd'hui je pensais au fait que j'avais l'impression de vivre une réalité située dans un autre plan que celui des personnes autour de moi, d'être déconnectée de la réalité de ces personnes. En y repensant ce soir en écrivant ces lignes, je me dis que en effet c'est le cas et cela le sera certainement tant que je serai obligée de cacher ma transition aux personnes que je rencontre, avec lesquelles je travaille. Cette situation entraine des tensions avec ma femme, je n'accepte plus certaines de ses réactions, je me bloque encore plus que dans le passé, elle ne me comprend pas, pense que je veux faire monter la tension autour du divorce et de la répartition de nos avoirs, or je me sens justement hors de ces problèmes, je vis ailleurs, je vis dans ma tête qui me dit soit une femme. Est-ce que mes signaux gestuels sont modifiés et ne sont plus aussi compréhensibles pour une personne qui me connait depuis très longtemps? ou suis-je vraiment dans une autre réalité? Il est certain que malgré la difficulté de quitter ce travail et cette région que je pratique depuis 21 ans, malgré les incertitudes sur le travail futur, je me détache progressivement et je suis ailleurs.
Voilà petite semaine, peu d'événements, un moral assez solide, au moins en façade.
Beaucoup de choses à faire: réorganiser la maison, prendre mes marques et puis profiter de soirée seule pour me pomponner, faire des essais de maquillage pour féminiser un peu mon visage et cacher cette barbe, et en même temps ne pas ressembler à un pot de peinture, ...
La semaine dernière, j'ai pris le temps d'aller voir un ami médecin que j'avais laissé au bord de la route il y a presque 16 ans. Il était au courant de ma transsexualité par un mail que je lui avais envoyé il y a quelques semaines et j'avais prévu de le rencontrer après le départ de ma femme. Je me rappelais bien d'une personne sensible aux autres, d'un praticien compétent et très psychologue, et notre rencontre ne m'a pas déçue. Non seulement il m'a accueillie comme si je l'avais vu la veille, mais de plus il connaît très bien la transsexualité et les doutes, les difficultés que nous pouvons traverser pour accepter notre état, qui sont associés à cette transsexualité (selon son expression: "notre tête nous dit que nous sommes une fille, et notre corps que nous sommes un homme, et l'esprit fini toujours par gagner"). J'ai pu longuement et je le remercie à nouveau ici, exprimer mes sentiments, mes doutes et mes espoirs. Je suis sortie de son cabinet soulagée et heureuse, vidée et assommée. J'ai fait la forte face à lui ("Boy doesn't cry") mais j'ai craqué sur le trottoir et pleuré longuement dans ma voiture incapable de conduire.
Ca y est mes parents sont au courant pour notre séparation et notre divorce inéluctable, par contre je préfère différer l'annonce de ma transsexualité, chaque chose en son temps. Par expérience, suite au divorce de ma soeur, je sais qu'ils vont inévitablement dramatiser la situation, tenter de gérer nos vies et celles de nos enfants, de nous imposer leurs volontés, alors il n'est peut-être pas nécessaire que je me retrouve avec tous les problèmes ensembles. Si les années leur ont permis d'apprendre à se comporter différemment, je le saurais rapidement et je pourrai faire mon coming out plus rapidement.
Aujourd'hui je pensais au fait que j'avais l'impression de vivre une réalité située dans un autre plan que celui des personnes autour de moi, d'être déconnectée de la réalité de ces personnes. En y repensant ce soir en écrivant ces lignes, je me dis que en effet c'est le cas et cela le sera certainement tant que je serai obligée de cacher ma transition aux personnes que je rencontre, avec lesquelles je travaille. Cette situation entraine des tensions avec ma femme, je n'accepte plus certaines de ses réactions, je me bloque encore plus que dans le passé, elle ne me comprend pas, pense que je veux faire monter la tension autour du divorce et de la répartition de nos avoirs, or je me sens justement hors de ces problèmes, je vis ailleurs, je vis dans ma tête qui me dit soit une femme. Est-ce que mes signaux gestuels sont modifiés et ne sont plus aussi compréhensibles pour une personne qui me connait depuis très longtemps? ou suis-je vraiment dans une autre réalité? Il est certain que malgré la difficulté de quitter ce travail et cette région que je pratique depuis 21 ans, malgré les incertitudes sur le travail futur, je me détache progressivement et je suis ailleurs.
Voilà petite semaine, peu d'événements, un moral assez solide, au moins en façade.